C'était en juin.
Le Frère Jean m'avait parlé d'un centre de thérapie perché au dessus de Jean-le-Duc deux ans au paravent. Mais ce n'est qu'en m'installant dans ma nouvelle paroisse que j'ai eu l'ocasion de visiter cet institut.
Il faisait radieux ce jour là, et j'avais finit la rénovation de l'église au printemps. Mes journées étant plus libres, je décidait de rendre une première visite aux patients et à l'équipe du centre Cathara.
J'y suis allé à vélo, malgré la distance. Rien de tel pour se tenir en forme. D'ailleurs, depuis, je n'y suis quasiment allé que de cette manière. Un exercice pluri hebdomadaire bienfaisant.
Je suis arrivé dans les luxurieux jardins qui me rappelaient ceux de l'évêché. L'infirmière qui m'a ouvert, je la connaissait déjà. C'était une de mes paroissienne. Elle fut étonnée de me voir ici et me fit entrer avec un grand sourire. Elle parlait beaucoup, disant que c'était une bonne idée que je vienne, que ça ferait plaisir au personnel, et sûrement aux patients.
Sans reprendre son souffle elle m'a introduit dans le bureau du Docteur Narcisse.
L'homme était sévère et guindé. Il avait l'air de mener son institut d'une main de maître. Tant mieux d'ailleurs. Une thérapie doit être menée avec rigueur. Une entreprise aussi.
Il me serra la main et je lui expliquait que je venait voir comment tout le monde se portait ici, et si ils avaient besoin de mes services, j'étais là.
Après tout, c'est pour ça que je suis sur cette Terre. J'ai reçut tout ce dont j'avais besoin étant enfant, Dieu m'avait apprit à le comprendre. Il m'avait apprit le plaisir du partage, du don de soi. Voilà quelques jours que je n'avait rien eu à faire à Jean-le-Duc et je m'ennuyait déjà.
Le docteur Narcisse ne voyait pas quel service j'aurai pu lui rendre, tout étant au point dans son institut. Je l'en félicitait.
Il remarqua qu'une présence ecclésiastique régulière à l'institut pourrait être bénéfique pour le personnel, qui n'avait que rarement l'occasion de redescendre dans les vallées, ou pour les patients souvent soumis aux angoisses de la maladie, que les médecins étaient bien en peine de calmer parfois.
Un soutient moral et spirituel nous sembla quelque chose à essayer.
Je devais revenir la semaine suivante rencontrer les patients, le temps qu'il leur en parle.
Il risquait par contre d'avoir des problèmes avec les patients Anglais en majorité anglicans.
Je rétorquais que je ne forçais personne à venir me voir, mais que j'étais disponible pour ceux qui le souhaitaient...
Le Docteur Narcisse me fit ensuite visiter l'institut. C'était son orgueil, sa vanité, son enfant à lui. Il avait une haute opinion de la qualité de son centre, comparé aux autres centres de soin français, même les plus luxueux centres parisiens.
Il est vrai que le centre était admirablement géré.
Voyant l'après midi avancer à grand pas, je pris congé du médecin et repris mon vélo.
Je redescendais vers la vallée en sifflotant, content de ce premier contact, content d'avoir trouvé de nouvelles personnes à aider, à soutenir...
